dimanche 1 mars 2020

En effeuillant les jours

                                       
Ce livre retrace, en vers, avec beaucoup de sensibilité, le vécu et le ressenti physique et mental d’un homme qui a quitté le Portugal, son pays natal, pour gagner la France des années soixante-dix où il trouva la liberté et les conditions d’épanouissement dont il rêvait. Auparavant, il a dû endurer deux ans en Afrique, fusil à la main, se battant malgré lui dans la guerre coloniale menée par le régime fasciste qui opprimait alors les Portugais. J. L. Miranda a le culte de la femme qu’il idéalise à travers l’image de sa mère adorée, et il n’hésite pas à l’élever sur un piédestal, la considérant comme le joyau de la Création. « C’est toi, ô Femme, l’acte primordial de toute la Création. » Aussi l’amour d’autrui, l’amour de la nature, l’amour tout court percent à fleur de vers, au fil des pages de ce livre ; il y est répété cent dix-sept fois. « Ô nostalgie, parle-moi des chemins qui m’ont conduit ici, parle-moi de mes amours avec des mots profonds. » Cela montre que notre poète a un tempérament romantique ; il évoque le passé qu’il ne peut plus revivre, chérissant ce qui lui est désormais inaccessible. Cependant, il aborde l’amour de plus en plus fragile et éphémère, l'amour physique, sans aucune portée au-delà de l’acte sexuel, se révolte devant la dure réalité du monde où il vit. « Je suis un homme de rien, un rouage de machine, un o.s. pris dans le tas, une chose que l’on façonne, que l’on plie, que l’on use, que l’on change, que l’on jette. »Enfin, on trouve sous sa plume des préoccupations écologiques qui remontent au début des années quatre-vingts, bien avant le réchauffement du climat et les catastrophes qui en découlent. « Nous allons quitter pour de bon l’âge idyllique de la dévotion, acculés que nous sommes dans l’impasse encombrée de ferraille et de poisons. »

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